L’auto-diagnostic et les risques qu’il comporte
De plus en plus de personne viennent consulter parce qu’iels croient avoir tel ou tel problème de santé mentale. Dans un contexte où l’information est largement accessible en ligne et où les ressources en santé mentale sont difficiles d’accès, de plus en plus de personnes cherchent à comprendre leurs difficultés psychologiques par elles-mêmes. Les réseaux sociaux, les forums et les tests de personnalité diffusent des descriptions de troubles mentaux qui peuvent sembler familières. Pourtant, l’auto-diagnostic en santé mentale comporte des risques importants, tant sur le plan personnel que clinique.
1. Des informations souvent incomplètes ou inexactes
Que ce soit l’IA ou les recherches sur Internet, ces outils regorgent de contenus sur la santé mentale, mais tous ne sont pas validés scientifiquement. Les descriptions de troubles comme la dépression, le TDAH, l’anxiété ou le trouble de la personnalité borderline sont souvent simplifiées, voire erronées. Une personne peut alors s’identifier à des symptômes généraux — fatigue, irritabilité, difficultés de concentration — sans tenir compte du contexte, de la durée ou de l’intensité nécessaires à un diagnostic clinique. Ce n'est pas parce qu’on a des traits ou symptômes d’un trouble de santé mentale que l’on a le trouble. A cet effet, la plupart d’entre nous pouvons nous retrouver dans certains critères diagnostic mais cela ne veut en aucun cas dire que nous avons ce trouble.
2. Le risque de confusion et d’erreurs d’interprétation
Les symptômes psychologiques peuvent se ressembler d’un trouble à l’autre, ou même provenir d’une cause physique (problèmes hormonaux, sommeil perturbé, consommation de substances, etc.). Sans formation clinique, il est facile de confondre un état temporaire de stress avec un trouble anxieux, ou une période de tristesse avec une dépression majeure. Certaines neurodivergences peuvent avoir des symptômes qui s’apparentent également à un trauma complexe ou un stress post-traumatique. Ces erreurs peuvent retarder la recherche d’une aide adéquate ou, au contraire, susciter une angoisse injustifiée.
3. L’impact sur l’estime de soi et les relations
S’attribuer un diagnostic sans évaluation professionnelle peut devenir une étiquette identitaire. On risque de se limiter à ce diagnostic perçu, de s’y enfermer ou de justifier certaines difficultés uniquement par celui-ci. Cela peut nuire à l’estime de soi, au sentiment d’espoir et aux relations interpersonnelles et à la motivation à entreprendre des changements bénéfiques.
4. Un retard dans la prise en charge adéquate
L’un des dangers les plus sérieux est le retard dans la demande d’aide professionnelle. Si une personne croit déjà connaître son trouble, elle peut tenter de se soigner seule, ou au contraire, se décourager en pensant que « rien ne peut changer ». Se soigner seule peut également entraîner des traitements inadéquats. Un diagnostic établi par un professionnel (psychologue, psychiatre, médecin) permet d’obtenir une compréhension nuancée, un plan d’intervention adapté et, au besoin, un traitement médical approprié. Toutefois, on il faut se rappeler aussi que le diagnostic n’est pas la seule voie à la guérison et peut même souvent être stigmatisant et avoir des impacts à long terme au niveau relationnel, mais également professionnel. Certains assureurs refuseront par exemple d’assurer des personnes en fonction des risques que suscitent certaines maladies, alors que d’autres requièrent un diagnostic pour offrir les soins nécessaires.
5. Le rôle des professionnels et la valeur de l’évaluation clinique
L’évaluation en santé mentale ne se limite pas à cocher des symptômes : elle tient compte de l’histoire personnelle, du contexte de vie, des émotions, du fonctionnement global et de l’évolution des difficultés dans le temps. C’est pourquoi, il est préférable d’avoir recours à un professionnel formé peut poser un diagnostic fiable, écarter d’autres causes possibles et proposer des interventions sécuritaires.
En conclusion
Chercher à mieux se comprendre est légitime et même souhaitable. Cependant, l’auto-diagnostic peut conduire à des erreurs et des traitements inadéquats. Consulter un professionnel et utiliser les ressources en ligne comme outils d’information, non comme substituts à une évaluation clinique reste une solution positive. Comprendre ses difficultés, oui — mais accompagné et encadré.