Emma Nys, travailleuse sociale, membre de l’OTSTCFQ
Lorsque je dis que je suis travailleuse sociale en pratique privée, on me demande souvent, surpris : « Qu’est-ce que ça fait, une travailleuse sociale, en pratique privée ? Pourquoi j’irais en consulter une ? » Je réalise à quel point ma profession est méconnue, incomprise et surtout associée à des milieux spécifiques, comme la protection de la jeunesse. Mais à vrai dire, c’est une profession qui a un large éventail de milieux d’exercices et de clientèles. La travailleuse sociale peut aussi bien travailler en pratique privée qu’en milieu communautaire, institutionnel ou comme travailleur de rue, et ses champs d’exercice peuvent être aussi variés que l’intervention individuelle, conjugale, familiale, de groupe ou collective. La travailleuse sociale est également amenée à travailler sur une variété de problématiques, tels que la pauvreté, l’itinérance, la violence, le vieillissement, la maltraitance, le logement, la sexualité, l’immigration et j’en passe. C’est un généraliste qui travaille sur les interactions sociales et leurs impacts sur la vie des individus et des communautés. Ce que ça veut dire, c’est qu’il prend en considération les dynamiques entre les individus et leur environnement (famille, couple, amis, travail, milieu scolaire, quartier, gouvernement, institutions…)
Lorsque je dis que je suis travailleuse sociale en pratique privée, on me demande souvent, surpris : « Qu’est-ce que ça fait, une travailleuse sociale, en pratique privée ? Pourquoi j’irais en consulter une ? » Je réalise à quel point ma profession est méconnue, incomprise et surtout associée à des milieux spécifiques, comme la protection de la jeunesse. Mais à vrai dire, c’est une profession qui a un large éventail de milieux d’exercices et de clientèles. La travailleuse sociale peut aussi bien travailler en pratique privée qu’en milieu communautaire, institutionnel ou comme travailleur de rue, et ses champs d’exercice peuvent être aussi variés que l’intervention individuelle, conjugale, familiale, de groupe ou collective. La travailleuse sociale est également amenée à travailler sur une variété de problématiques, tels que la pauvreté, l’itinérance, la violence, le vieillissement, la maltraitance, le logement, la sexualité, l’immigration et j’en passe. C’est un généraliste qui travaille sur les interactions sociales et leurs impacts sur la vie des individus et des communautés. Ce que ça veut dire, c’est qu’il prend en considération les dynamiques entre les individus et leur environnement (famille, couple, amis, travail, milieu scolaire, quartier, gouvernement, institutions…)
Un autre aspect qui questionne les gens, c’est ce qui différencie la profession de travailleuse sociale d’une autre profession de relation d’aide et comment choisir le ou la professionnel.le adéquat lorsqu’on fait face à des obstacles dans sa vie. C’est pourquoi, je vous propose ici quelques éléments de réflexion pour vous aider à vous y retrouver et ainsi faire un choix éclairé lorsque vous sélectionnerez votre professionnel.le de la santé mentale.
Psychothérapie vs intervention sociale
Depuis 2009, la loi 21 encadre les professionnel.les de la santé mentale en déterminant les actes qu’ils peuvent exercer ou non, en fonction de leurs champs d’études et de compétences. Auparavant, de nombreux actes n’étaient pas régis par la loi, de sorte que des individus non qualifiés pouvaient s’improviser psychothérapeutes, sans en avoir les compétences. Ainsi, depuis 2009, les professionnel.es qui souhaitent exercer la psychothérapie doivent obtenir un permis de l’Ordre des psychologues du Québec et pour obtenir ce permis, ils doivent répondre à certains critères. Certains travailleurs sociaux peuvent ainsi détenir un permis de psychothérapie, mais tous ne sont pas psychothérapeutes.
A cet effet, l’OTSTCFQ définit la psychothérapie selon trois éléments : sa nature, son objet, sa finalité. Il s’agit donc d’un « traitement psychologique » dont les interventions portent sur « ce qui organise et régule le fonctionnement psychologique et mental de la personne. » Si la psychothérapie a des visées de traitement, de retour dans le passé pour guérir le patient des causes qui nuisent à son fonctionnement, l’intervention sociale vise d’autres buts, tels que l’accompagnement, le soutien, l’éducation, la réadaptation des personnes, et surtout des interventions pour agir sur le moment présent. Dans le cadre spécifique du travail social, il s’agit de l’évaluation de la personne dans le but d’un rétablissement du fonctionnement social. Je vous invite à consulter le document « L’exercice de la psychothérapie et des interventions qui s’y apparentent » pour en savoir un peu plus à ce sujet.
Le problème
Bien que cela puisse sembler évident lorsque l’on consulte un.e professionnel.le, rappelons que la première étape dans une démarche thérapeutique est l’identification de l’objectif de consultation ou du problème que l’on souhaite régler. Bien entendu, le ou la profesionnel.le peut vous aider à préciser cet objectif, mais avoir une idée de l’objectif permet également de trouver le ou la profesionnel.le qui convient le mieux à votre situation, car bien que la plupart des professionnel.les disposent d’une connaissance de plusieurs problématiques et sont compétents dans de nombreux domaines, la plupart ont un champ de spécialisation spécifique.
Par exemple, si vous souhaitez être vu parce que vous vivez de la violence conjugale, il sera préférable pour vous d’identifier les professionnel.es qui se spécialisent auprès de cette clientèle, car ils seront davantage outillés pour vous accompagner dans votre démarche. De même, tous/toutes les professionnel.les ne sont pas habiletés à travailler auprès des enfants. Pour déterminer les champs de compétence d’un.e professionnel.le de la relation d’aide, vous pouvez consulter son site Internet, mais également vérifier s’il ou elle appartient à un ordre. Tous les professionnels ne sont pas membres d’un ordre, certain.es par choix, d’autres parce qu’ils ne répondent pas aux critères exigés par les ordres en terme de formation académique et d’autres, parce qu’ils œuvrent dans un champ de pratique qui ne dispose pas d’un ordre.
Ordre ou pas ordre, là est la question !
Il n’est pas facile de répondre à cette question, mais je vais tenter de le faire du mieux que je peux. Les ordres professionnels regroupent des membres en fonction de la profession qu’ils exercent et de la formation académique qu’ils ont suivie. Au Québec, il existe de nombreux ordres, dont celui des travailleurs sociaux et thérapeutes conjugaux et familiaux, celui des criminologues, celui des sexologues… Chaque ordre établit des balises dans l’exercice des fonctions de la profession qu’il représente. L’objectif des ordres est de protéger les citoyen.nes en établissant des référentiels de compétences et un cadre de pratique pour chaque profession. Il encadre les professionnel.les, s’assure qu’ils poursuivent leur formation tout au long de leur pratique et accueille les plaintes des citoyen.nes qui considèrent avoir vécu toute forme de préjudices de la part d’un.e professionnel.le.
Si l’ordre assure la protection des citoyen.nes, cela ne veut pas nécessairement dire que les professionnel.les qui n’appartiennent pas à un ordre sont incompétent.es dans leur champ de pratique. En effet, de nombreux intervenant.es des milieux communautaires n’appartiennent à aucun ordre, mais ils disposent de compétences dans certains secteurs. Cependant, il faut dire que les professionnel.les qui ne font pas partie d’un ordre ont une pratique moins encadrée, et de ce fait, sont limités dans les actes qu’ils peuvent poser. Par ailleurs, le fait qu’un.e profesionnel.le fasse partie d’un ordre ne signifie pas que vous êtes à l’abri de gestes non éthiques ou d’interventions inadéquates. Vous disposez à tout le moins de moyens pour signaler les comportements ou les gestes inappropriés de professionnels qui font partie des ordres. Vous pouvez trouver la procédure pour porter plainte sur les sites Internet des différents ordres professionnels. En ce qui concerne les intervenant.es sociaux des milieux communautaires, sachez que vous n’êtes pas non plus sans recours. Si vous avez vécu un préjudice de la part d’un.e intervenant.e en milieu communautaire, vous pouvez porter plainte auprès du Protecteur du citoyen.
Enfin, la loi 21 ne vous protège pas des personnes non qualifiées qui offrent des services de relation d’aide en pratique privée puisque la relation d’aide n’est pas régie par la loi. Et même, certains professionnel.les ayant été des membres d’un ordre ont pu être radiés de leur ordre et choisir une profession qui n’est pas régie par cette loi. Il est donc de mise d’être prudent, de faire vos recherches et de poser les questions avant de prendre rendez-vous avec un.e professionnel.le de la santé mentale. Mais somme toute, les incidents de ce genre restent toutefois limités.
La loi 21 encadre tout de même un bon nombre de professions et détermine qui peut proférer tel ou tel acte. Par exemple, seuls les psychologues peuvent effectuer des évaluations de troubles psychologiques. Les travailleurs sociaux sont, quant à eux, ceux qui effectuent les évaluations psychosociales, ce qu’aucune autre profession n’est habiletée à faire. Pour connaître les actes réservés à chacune des professions, vous pouvez consulter le site de l’Ordre des psychologues du Québec. Cela pourra vous aider à y voir clair.
Enfin, peu importe le ou la professionnel.le que vous choisirez, je vous suggère de vous informer le plus possible sur le ou la thérapeute, ses approches, ses pratiques, ses expériences… et si vous n’êtes toujours pas certain.e, sachez que vous pouvez toujours effectuer une première rencontre avec le ou la professionnel.le afin de déterminer s’il s’agit de la meilleure personne pour vous aider.
Type de professionnel.les et approches
Peu importe qui vous choisirez de consulter et quelles approches il ou elle utilisera pour vous soutenir, les recherches démontrent que les facteurs les plus importants dans la réussite de votre processus sont, d’abord et avant tout, vos ressources personnelles, les efforts que vous mettez pour atteindre vos objectifs (40%) et dans un deuxième temps, l’alliance thérapeutique (30%). L’alliance thérapeutique constitue la capacité du ou de la thérapeute à se relier à vous, à créer un climat de confiance pour vous. Très souvent, c’est un aspect qui fait une réelle différence dans l’efficacité à régler vos problèmes. Le type de professionnel.le et ses approches ne comptent que pour 15% dans le règlement des problèmes. Il reste qu’une approche peut vous convenir davantage qu’une autre, en raison de votre personnalité ou de vos intérêts.
Chaque professionnel.le travaille avec une ou plusieurs approches thérapeutiques, pour lesquelles il ou elle a reçu une formation. Ces approches peuvent être très variées. Or, qu’il s’agisse d’une sexologue, d’une psychologue ou d’une travailleuse sociale, elle peut utiliser les courants principaux de la thérapie, soit humaniste, psychodynamique, cognitive ou systémique. A cela peut s’ajouter diverses approches d’intervention, comme la thérapie brève orientée solutions, la thérapie d’impact, l’approche narrative, l’approche féministe…
Enfin, chaque profession détermine ses courants de pensée, ses approches et ses techniques d’intervention. Ainsi, un même problème pourrait être traité par une sexologue, une psychologue ou une travailleuse sociale, mais leur analyse du problème, leur façon de faire et les actes qu’ils poseront différeront en fonction de leur corps professionnel. Je vous invite à consulter ce document de l’université de Sherbrooke pour en savoir plus sur les différentes professions qui œuvrent pour améliorer votre santé mentale.
Pourquoi choisir une travailleuse sociale pour vous aider ?
Au bout du compte, pourquoi choisir une travailleuse sociale plutôt qu’une psychologue, une sexologue… Eh bien, la raison se loge dans votre façon de voir le monde, vos besoins, vos objectifs. La travailleuse sociale analyse les problèmes dans une perspective d’interaction sociale entre un individu et son environnement. Ainsi, pour celle-ci, les problèmes des individus ne sont pas que le résultat des individus eux-mêmes, mais bien celui des impacts qui surgissent des différentes interactions entre l’individu et sa famille, son milieu professionnel, la société, les institutions… Elle travaille à favoriser un équilibre entre les besoins d’une personne et la réponse à ses besoins par son environnement. Elle vise à stimuler, chez les individus, leur pouvoir d’agir sur leur vie et dans leurs relations et à défendre leurs droits sociaux. La travailleuse sociale travaille autant auprès des individus que des collectivités, car il existe une interrelation entre chaque élément, chaque instance d’une société.
Les interventions de la travailleuse sociale « sont concrètes, créatives, sans préjugés et fondées sur la justice sociale. » (OTSTCFQ, 2019) Elle effectue une évaluation du fonctionnement social de l’individu pour déterminer quelles sont les causes des problèmes vécus et pour ainsi trouver des stratégies d’action visant la transformation personnelle aussi bien que sociale. C’est par l’amélioration du fonctionnement social des individus que la société s’en trouve alors enrichie. Elle élabore « des pistes de solution en fonction » des forces des personnes « et celles de leur milieu (pour améliorer leur bien-être). » Elle aborde « également la réalité des personnes selon une vision globale qui tient compte de la personne et de son milieu. » (OTSTCFQ, 2019)
En somme, la force des travailleurs sociaux est le fait de prendre en compte la globalité de votre vie pour s’attaquer de façon efficace aux problèmes que vous rencontrez, car chaque sphère de votre vie influence qui vous êtes et votre façon de faire face aux problèmes. J’espère donc que cet article vous aura permis d’y voir un peu plus clair sur cette profession que j’affectionne tout particulièrement.
N’hésitez plus et contactez dès maintenant une travailleuse sociale pour vous aider.